Mon objectif était initialement de trouver des moyens de faire de la photographie après l’effondrement de la société.
Comment, à partir de rien (ou presque) fabriquer le nécessaire pour documenter le monde post-effondrement ? J’ai commencé à m’intéresser à l’antotype, une technique photographique utilisant la photosynthèse des végétaux pour leurs propriétés photosensibles. C’est en résidence sur l’Ile Stagadon que j’ai commencé à envisager les algues laminaires présentes sur les côtes à marée basse, notamment pour leur ressemblance avec une pellicule photo couleur.
J’ai donc fait différentes expérimentations, notamment en chargeant l’algue directement dans mon appareil comme une pellicule traditionnelle. Après un temps de pose de plusieurs semaines, la photo obtenue est un simple halo vert tendre sur les deux côtés de l’algue. J’ai aussi essayé des agrandissements en plaçant directement l’algue dans un passe-vue d’agrandisseur photo. Après m’être déjà essayé à la technique lors de précédents projets, j’ai photogravé l’algue au laser pour y apposer des paysages pré photographiés de l’ile ou je les ai trouvés.
L’ile de Stagadon est minuscule, elle n’abrite qu’une seule maison, mise à disposition pour quelques jours à des étudiants, des séminaires, des retraites, des résidences, … Aussi, par ces nombreux groupes de passages pour un court laps de temps, le paysage de l’ile est inconstant et perpétuellement marqué des fabrications et traces de ces groupes de personnes. J’ai dressé un parallèle avec les algues qui permettent de maintenir des récifs, des dunes sous-marines, modifiant les courants, l’érosion de l’ile et donc également son paysage.L’ile est littéralement sculptée en partie par ses occupants et ces « haies » d’algues.
Il m’est donc venu l’idée d’apposer les photos de cette résidence, comme des photos de vacances. Comme des photos de vacances, je les projette dans l’espace avec un carrousel à diapositives. L’appareil émet une forte chaleur, il est ventilé, aussi ces conditions d’expositions assèchent et altère la couleur et la texture des algues. Ainsi, les visiteurs de l’espace d’exposition deviennent également visiteurs de l’ile ; et le temps passant, le paysage photographique change progressivement.
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