http://www.thegrandcredits.info/
Un long générique défile lentement sur l’écran de cinéma, de bas en haut. Prénom, nom. Prénom, nom…
C’est la liste des noms de tous les êtres humains.
Tout le monde est nommé, et tous les noms sont affichés avec la même importance visuelle. La liste n’est ni chronologique ni alphabétique. La police de caractères, la taille d’affichage et la vitesse de défilement permettent la lecture de chaque nom. Le Grand Générique est une oeuvre d’art conçue pour être exposée sur écran, dans une scénographie renvoyant à l’univers de la salle de cinéma.
Lors de ses expositions, le Grand Générique affiche en priorité les noms des personnes liées à la ville et au contexte artistique de l’exposition. Il crée ainsi un lien miroir avec les spectateurs. Les noms sont affichés dans l’alphabet local et mis en forme selon les us de l’endroit et de l’époque.
Il est important que tout le monde soit nommé. Cette oeuvre d’art générative infinie s’appuie sur internet et une logistique de réseau pour construire effectivement la liste des noms de tous les êtres humains. Par exemple, chaque exposition du Grand Générique est l’occasion de collecter la liste des noms des personnes liées à l’exposition. C’est à travers ces additions successives, ainsi que diverses autres collaborations individuelles ou administratives sur internet, que la base de données se construit au fur et à mesure. La logique de l’ordre d’affichage reflète ce processus de construction. Il a pour but de n’oublier personne et de se maintenir toujours à jour en incluant les nouvelles naissances. Seuls les noms sont affichés, aucune autre information directe relative à la personne n’est collectée, stockée ou listée.
C’est Le Grand Générique de tous les êtres humains.
Concept artistique
Extrapolant les 15 minutes de célébrité warholiennes dans notre société démocratique du spectacle, Le Grand Générique donne à chacun effectivement sa place au générique.
Mais quel est le film ? Y a-t-il un scénario ? Qui l’a écrit ? Les choses sont-elles pré-programmées, ou bien chacun est-il encore libre de ses actes ? Le Grand Générique est ancrée dans mon obsession plastique de l’opposition entre destin et libre-arbitre, et renvoie in fine chacun à la question de son identité et de sa responsabilité.
Est-ce un générique de fin ou un générique de début ?
Antoine Schmitt
27jul09