J’ai appelé cette installation fantôme de l’ouest. Elle se compose d’un tapis et d’une vidéo avec une bande-son projetées sur une TV.
Tout d’abord, le tapis est une scène où les thématiques de la route, de l’abandon, du cinéma et de la lumière reviennent. Plusieurs éléments reconnaissables nous renvoient directement à une culture cinématographique de Road Movie et de série Z. J’ai voulu représenter plusieurs clichés d’une aire dépassée notamment avec le désert nord américain, la station service laissée à l’abandon, l’explosion nucléaire, tout ce qui pourrait renvoyer à l’effondrement dans un film hollywoodien des années 60/70. Cette thématique du cinéma une fois de plus nous renvoie dans un univers construit, un faux décor.
Cette thématique du road movie a été abordé mainte et mainte fois à travers les générations que ce soit par Wim Wenders dans les années 70 ou plus récemment dans un épisode de Black Mirror « Black Museum » sorti en 2017.
Ce paysage américain contradictoire m’intéresse car il y a une réelle frontière la nature et l’humain. Où le désert, le vide se mélange avec l’urbanisation de part l’intervention humaine vient empiéter et se mélanger dans ces espaces désertiques et de grande étendu créant quelque chose devenu ordinaire. Edward Hopper, Ed Rusha ou encore William Eggleston sont des artistes qui transmettent leur intérêt pour ces paysages américains et qui trouvent une beauté dans les détails qui composent des éléments aux allures ordinaires.
J’ai voulu traiter ce décor de manière énigmatique dans la composition, avec un jeu de lignes, dimension géométrique. Laissant place à la subtilité entre rêve et réalité. Comme part exemple ce lampadaire qui est seul au milieu de nul part, il éclaire une station service abandonnée, on voit que la station service n’apparait que dans ce vaisseau lumineux et que la lumière elle-même s’arrête à des moments où elle devrait continuer.
Il y a également un jeu de hors champs, l’un des sujets central du tapis est l’explosion et pourtant on ne la voit pas directement, mais seulement dans le rétroviseur de la voiture et on la devine aussi grâce à la fumée qui vient absorber une partie du paysage de l’autre côté.
J’ai choisi de le laisser dans cette forme, car ça vient renforcer cette aspect linéaire et géométrique qu’il y a déjà dans le dessin. Offrant un paysage déconstruit et flou. Avec un aspect pas abouti où le temps y aurait laissé son empreinte.
Le tapis fait écho avec ce qu’il y a en face. C’est une vidéo du bruit de TV, où l’image ne change pas et qui laisse dans l’attente de regardeur qui s’attend à regarder quelque chose. Ce laps de temps indéfini est renforcé par le bruit qui est en couleur alors qu’il est projeté sur une vieille télé censé transmettre une image en noir et blanc. Comme un bug, là où le temps s’est arrêté, dans une ambiance laissé à l’abandon. De plus, ça nous renvoie à cet aspect fantomatique en sachant que certains medium utilise le bruit de la TV pour communiquer avec l’au delà.
On peut entendre une bande-son, cette voix commune consolide notre incompréhension face à une temporalité altérée. Elle est moderne et de notre aire et pourtant elle se mêle à un objet qui n’existe plus, qui est dépassé.
Elle exécute un texte que j’ai écrit sur le voyage d’un personnage dans ce désert américain et sa relation avec les images qu’il traverse. Laissant une grande place à ses ressentis, réflexions et émotions.
Enfin, le souhait que j’avais de projeter cette vidéo dans une vieille tv qu’on sait fausse renforce cette aspect d’illusion, de faux, de décor qui est propre au cinéma et au spectacle. C’est pour cela que je n’ai pas voulu lui laissé un effet trompe l’oeil mais au contraire fait main, ce qui nous ramène dans un univers qui est hors du réel.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.